
1815. Jean Valjean a purgé sa peine de 19 ans de bagne pour avoir volé du pain. A sa sortie, il est rejeté par les gens qui lui reprochent son passé de bagnard. Il est poursuivi par le policier Javert qui guette sa rechute. Au désespoir, il change d’identité pour refaire sa vie. Devenu notable, il provoque involontairement la déchéance d’une ouvrière Fantine qu’il a fait chasser de son travail à l’usine. Au chevet de celle-ci, il promet de recueillir sa fille Cosette. Il parvient à l’arracher à la répugnante famille Thénardier et disparaît.
Équipe de création :
Alain Boublil (Scénario / Paroles)
Herbert Kretzmer (Paroles)
Claude-Michel Schönberg (Musique / Scénario)
Frédéric Dubois (Mise en scène)
Gilles Léveillé / Gilles Ouellet / Pierre-Olivier Roy (Arrangements et Orchestrations)
Claude Soucy (Direction vocale)
Christian Fontaine (Décor)
Claude Soucy (Direction musicale)
Distribution :
Martin Robert (Feuilly)
Myriam Brousseau (Cosette)
Jeffrey Brown (Babet)
Patrick Brown (Montparnasse)
Jean-Raymond Châles (Thénardier)
Geneviève Charest (Fantine)
Yanick Coté (Brujon)
Alexandre de Granpré (Javert)
Kathleen Fortin (Mme Thénardier)
Paul-Roger Gagnon (Laigle)
Kevin Houle (Enjolras)
David Leblanc (Combeferre)
Bertin St-Onge (Claquesous)
Éric Paulhus (Jean Prouvaire)
Carl Poliquin (Marius)
Charles Pomerlo (Courfeyrac)
Isabeau Proulx-Lemire (Joly)
Gino Quilico (Jean Valjean)
Fred-Éric Salvail (Grantaire)
Sophie Tremblay (Éponine)
Ensemble :
Guillaume Boisbriand, Judith Bouchard, Élise Cormier, Marisol Forest, Katee Julien, Olyvia Labbé, Maude Laperrière, Julie Lapierre, Dominic Lorange, Andréanne Marcoux, Nadine Meloche, Marie-Michèle Roberge, Joanie Banville, Alyson Gagnon, Émilien Néron
Montréal
8 juin 2010
Salle Wilfird-Pelletier (PDA)
Parterre : C-11
Critique :
Digne, 1815 : la scène commence au bagne. Jean Valjean, numéro 24601, est finalement libéré après 19 ans de travaux forcés, dont cinq pour avoir volé un pain et quatorze pour avoir tenté de s’échapper. Le policier Javert lui donne un passeport jaune, qu’il lui faudra montrer. Jean Valjean quitte Toulon plein d’espoir d’une nouvelle vie, mais il découvre bien vite que son passé de forçat le poursuit partout : s’il trouve du travail, il ne reçoit que la moitié de son salaire et aucune auberge ne le reçoit. Seul l’évêque de Digne lui donne à manger et un lit pour la nuit. Mais Valjean, enhardi par sa longue captivité à Toulon, le paye en lui volant son argenterie. Capturé, on le ramène à Digne. L’évêque, qui connaît le passé de Valjean, ment pour le sauver et lui offre également deux chandeliers en argent. Il lui demande en retour de recommencer une vie honnête. Valjean, stupéfait face à la pitié de l’évêque, s’engage à accepter sa demande.
Dès les premières notes du prologue, l’effervescence s’empare du public… Il faut dire que Les Misérables est une comédie musicale qui suscite de nombreuses émotions.
Cette version avait été présentée deux fois au Capitole de Québec ; la première fois en 2008, avec une toute nouvelle mise en scène et une orchestration modernisée, mais aussi en 2009 où l’orchestration avait quelque peu été modifiée, à la demande de Monsieur Boublil lui-même. Nous avons droit à Montréal à cette dernière version.
Côté orchestration, le renouveau de la musique est à l’honneur. L’orchestre de 16 musiciens s’approprie aisément la partition de Claude-Michel Schönberg et les adaptations musicales de Messieurs Léveillé, Ouellet et Roy ont pour but de moderniser l’œuvre.
La mise en scène est très convaincante et fort réussie, même si elle pourrait être modifiée sur certains tableaux. Plusieurs scènes présentant l’interprète devant un rideau, seul devant le public, font perdre un peu de magie au spectacle bien que cela n’enlève rien aux prestations des interprètes, au contraire. Il suffit de voir Geneviève Charest (Fantine) nous livrer un « J’avais rêvé » tout à fait éblouissant, devant une pluie de flocons de neige. C’est à donner des frissons.
Soir de première oblige, les Misérables ont eu droit à leur lot de problèmes, côté éclairages et côté son… Le public a ainsi eu le bonheur de découvrir la magnifique et puissante voix de Kathleen Fortin (Mme Thénardier). Par son jeu et sa voix mi-ange mi-démon, Mme Fortin habite son rôle avec efficacité, tout comme son mari, sur scène comme à la ville, Jean-Raymond Châles (Thénardier).
Gino Quilico incarne un Jean Valjean tout en sagesse, peu mordant, mais avec une voix vigoureuse et puissante, malgré quelques faiblesses en ce soir de première. Alexandre de Granpré (Javert) a fait d’immenses progrès depuis 2008. Lui qui était moins à l’aise a maintenant une présence forte et une voix tout en contrôle. Sophie Tremblay, quant à elle, offre une Éponine tout en douceur, mais coriace ! Et que dire de Carl Poliquin (Marius) qui, avec son charme et sa prestance, fait frémir le public dans sa version de « Seul devant ces tables vides », seul devant un rideau, mais avec en arrière-plan ses amis disparus : un moment fort émouvant du spectacle. La distribution est tout simplement fantastique.
La production a fait un très bon usage des décors, tout comme la nouvelle version des Misérables, actuellement en tournée en Europe : il n’y a plus de scène tournante, depuis la version 2008, et la scène de la barricade est tout à fait époustouflante. Malgré la gigantesque scène de la salle Wilfrid-Pelletier, le décor remplit bien tout l’espace.
L’édition 2010 des Misérables est quelque peu différente de l’originale, que ce soit au niveau de la mise en scène ou des orchestrations, mais on y retrouve toujours la magie et l’empreinte de ce grand classique.