Denise, est-ce que Sister Act est une demande de votre part au Festival Juste pour rire ? Si oui, pourquoi ?
Denise Filiatrault : Oui, c’est une demande que j’ai faite. L’an passé, j’ai monté Hairspray et le mélange des communautés noire et blanche sur scène était extraordinaire. Et, chose que nous n’avions jamais vue, ce mélange était aussi visible dans la salle. Alors, je me suis dit : « Pourquoi ne pas continuer dans la même veine ». Un genre de continuité et ce, même si Sister Act est à l’opposé d’Hairspray.
Comment pensez-vous que les gens vont réagir au fait que, dans la pièce, on ne retrouve pas les chansons tirées du film ?
D.F. : C’est bien dommage mais la comédie musicale a été écrite de cette façon. Nous nous devions de suivre ce qui est fait. Mais ce fût un grand succès, sur Broadway, à Londres, partout, en fait. Alors, je ne vois pas pourquoi les gens d’ici n’aimeraient pas ça.
Dayane Ntibarikure : J’ai une anecdote sur ça, justement. J’ai vu le spectacle avec mon copain et lui ne savait aucunement ce qui se passait. Mais moi je savais que les chansons du film étaient absentes de la pièce. On regarde le spectacle, on sort, on chante la dernière chanson du spectacle dans la voiture, nous sommes heureux. On arrive à l’hôtel et mon copain me dit « Hum ! Ils n’ont pas chanté : « I Will Follow Him » ? Ah ! C’était bien quand même». Je pense que c’est exactement ce genre de réaction qui va arriver. C’est tellement entraînant et bien ficelé que tu n’y penses plus. Et une fois chez toi, tu réalises que tu n’es pas déçu.
Dayane, parlez-nous de vous…
Dayane Ntibarikure : Mon amour pour la comédie musicale a débuté dès mes études secondaires, période durant laquelle j’ai fait mes premiers pas dans ce genre. J’ai fait un DEC en danse, un DEC en chant et j’ai pris des cours de théâtre. L’an passé, j’ai eu le plaisir de jouer dans Hairspray et, maintenant, je reviens pour le grand rôle… dans Sister Act ! (rires)
Avez-vous vu Sister Act sur scène ?
D.N. : Évidemment. J’ai vu une tournée aux U.S.A. J’ai vu le film, le spectacle et j’ai le CD. (rires). Je fonctionne de cette façon : je joue le personnage « à ma sauce », mais je regarde toujours ce qui a été fait par le passé. C’est impossible de négliger ce qui a été fait par d’autres avant moi.
Croyez-vous interpréter une Dolorès différente ?
D.N. : Je n’essaie pas d’être différente car ça va être différent de toute façon. Je ne me dis pas : « Ah non, ça je ne veux pas le faire comme ça », si c’est comme ça que ça vient et que ça fonctionne avec la mise en scène de Denise, pourquoi pas ? Au départ, je suis une autre interprète. Je n’ai pas de pensées telles que « Ah, tu fais comme X, Y ou Z ».
Dayane, l’éternelle question : « Et travailler avec Denise ? »
D.N. : Tout le monde s’attend à ce que je dise qu’elle nous flagelle (rires). Non, pas du tout. Elle a la mèche courte, mais, avec Denise, lorsqu’elle dit quelque chose et que tu n’es pas nécessairement d’accord avec elle, tu ne t’obstines pas. Tu attends et tu vas lui parler après. Souvent, si d’une certaine façon tu as raison, elle va revenir et te dire : « Tu sais, tu avais raison » (rires).
Denise, nous avons été habitués par le passé à découvrir les traductions faites par Monsieur Yves Morin. Alors, pourquoi, cette fois-ci, le public aura droit à une traduction « Made in France » ?
D.F. : Honnêtement, moi je ne voulais pas ça du tout. Mais les producteurs [NDLR : Stage Entertainment France] ont été durs avec nous ; on se devait de prendre la traduction parisienne. Au début, j’ai refusé de monter Sister Act car, à mon avis, c’était trop « franchouillard » pour le public québécois. Je dois avouer, par contre, que les chansons sont bien faites, les paroles sont poétiques et jolies. En revanche, ils nous ont laissé faire des « arrangements » sur les dialogues. Nous ne voulions pas faire trop « québécois », mais du moins dans un langage que tout le monde au Québec peut comprendre ; un genre de « français » international.
Dayane, que préférez-vous dans la pièce… et qu’aimez-vous le moins ?
D.N. : Ce que j’aime le plus est en fait la même chose que j’aime le moins… c’est le fait que le personnage soit pratiquement toujours sur scène. Alors, je n’ai pas le temps de décrocher, c’est toujours « go, go, go ». J’ai aussi des changements de costumes fréquents ; mais j’ai la chance d’avoir des habilleuses en or. Mais, d’un autre côté, j’ai aussi un stress car, statistiquement parlant, il y aura sûrement une des représentations qui se déroulera moins bien. Et j’aime que Dolorès soit une meneuse, alors je ne peux pas lâcher le bâton, je n’en ai pas le droit.
Que diriez-vous au public pour les inciter à voir le spectacle ?
D.N. : Que c’est une comédie musicale qui rassemble ! Qu’il y a de la bonne musique, de bonnes valeurs. On aime ça des « nonnes » qui chantent et qui dansent (rires). Venez à nous… et il y a de la musique « disco » (rires).